Les petites exploitations agricoles, définies par un produit brut standard inférieur à 25 000 euros, constituent 31% des exploitations françaises mais seulement 7% de la surface agricole utile. Leur diminution constante soulève des questions sur l'avenir de l'agriculture familiale et la préservation du tissu rural français.

À retenirLes petites exploitations agricoles ont connu une baisse de 35% entre 2007 et 2022, passant de 277 500 en 2000 à 137 300 en 2016, alors que les méga-exploitations ont augmenté de 107% sur la même période.

Définition et caractéristiques des petites exploitations agricoles

Définition et caractéristiques des petites exploitations agricoles

Les petites exploitations agricoles constituent une part importante du paysage agricole français, avec des caractéristiques distinctes en termes de dimension économique, de superficie et de mode de production. Leur définition précise permet de mieux comprendre leur place dans l'agriculture nationale.

Définition selon les critères économiques

Les petites exploitations agricoles se caractérisent par une Production Brute Standard (PBS) inférieure à 25 000 euros par an. Cette PBS correspond à la valeur monétaire moyenne de la production agricole au prix de marché. En 2016, ces structures représentent 31% du nombre total d'exploitations en France métropolitaine, mais ne valorisent que 7% de la superficie agricole utilisée (SAU) totale.

Caractéristiques structurelles

La SAU moyenne des petites exploitations s'établit à 8,5 hectares, bien en-dessous de la moyenne nationale de 63 hectares. Le statut juridique dominant est l'entreprise individuelle, concernant 89% des cas en 2020, contre seulement 39% pour les moyennes exploitations et 15% pour les grandes. Le mode de faire-valoir direct prédomine : 58% des chefs d'exploitation sont propriétaires de leurs terres.

Répartition des productions

Les petites exploitations se concentrent principalement sur :

  • Les cultures fruitières
  • L'élevage ovin-caprin
  • La viticulture dans certaines régions

Organisation du travail

Ces structures mobilisent 12% de l'emploi agricole total. La main d'œuvre est essentiellement familiale, avec une forte proportion de pluriactifs : de nombreux exploitants exercent une activité professionnelle complémentaire hors de l'exploitation. Le volume de travail moyen par exploitation atteint 0,7 unité de travail annuel (UTA), contre 1,6 UTA pour les moyennes et grandes exploitations.

Distribution territoriale

La répartition géographique montre des disparités importantes. En Lozère, la SAU moyenne des petites exploitations atteint 50 hectares, principalement en raison des élevages extensifs. L'Aveyron suit avec 27 hectares, tandis que l'Hérault présente la plus faible moyenne avec 8 hectares, du fait de la prédominance viticole.

Évolution et tendances du secteur depuis 2000

Évolution et tendances du secteur depuis 2000

Évolution et tendances du secteur depuis 2000

L'agriculture française connaît une transformation profonde de sa structure depuis les années 2000, avec une diminution constante du nombre de petites exploitations au profit d'unités plus grandes. Cette évolution modifie durablement le paysage agricole national.

Une baisse marquée des petites exploitations

Les données montrent une réduction drastique du nombre de petites exploitations en france, passant de 277 500 en 2000 à 137 300 en 2016, soit une diminution de plus de 50% en 16 ans. Cette tendance s'est poursuivie puisqu'entre 2007 et 2022, leur nombre a encore chuté de 35%. Le rythme de disparition s'établit à -2,3% par an sur la période récente.

Exploitations agricoles selon la dimension économique (en milliers)
Type200020102016
Petites exploitations277,5179,1137,3
Moyennes exploitations217,6150,6114,7
Grandes exploitations168,7161,7185,4

Concentration vers les grandes structures

En parallèle, le nombre de méga-exploitations (production économique > 250 000€/an) a augmenté de 107% entre 2007 et 2022. Ces structures valorisent désormais 36% du territoire agricole français et mobilisent 38% du volume de travail agricole. La superficie moyenne des exploitations ne cesse de croître, atteignant 63 hectares en 2016, contre 43 hectares en 2000.

Transformation du modèle agricole

Cette évolution traduit un développement vers des structures plus grandes et plus mécanisées. Les petites exploitations subsistent majoritairement dans certaines productions comme les cultures fruitières et l'élevage ovin-caprin, mais deviennent rares dans les secteurs des bovins laitiers ou porcins. La moitié des exploitations spécialisées en porcins et volailles sont désormais des méga-exploitations.

Impact économique et emploi agricole

Impact économique et emploi agricole

Impact économique et emploi agricole

Les petites exploitations agricoles, qui représentent près d'un tiers des structures en France, constituent une composante majeure du tissu agricole français. Leur contribution économique et leur rôle dans l'emploi méritent une analyse détaillée pour comprendre leur place dans le secteur.

Répartition de l'emploi et du travail agricole

Les données du recensement agricole 2020 montrent que les petites exploitations mobilisent 12% de l'emploi agricole total, exprimé en unités de travail annuel (UTA). Cette proportion témoigne d'une forte intensité en main-d'œuvre rapportée à leur surface, puisqu'elles n'exploitent que 7% de la superficie agricole utilisée (SAU). Le travail y est principalement assuré par les exploitants et coexploitants, avec un recours limité au salariat permanent.

Dimension économiquePart des exploitationsPart de la SAUPart du volume de travail
Petites exploitations31%7%12%
Moyennes exploitations42%57%50%
Grandes exploitations27%36%38%

Viabilité économique et revenus

La production économique des petites structures, comprise entre 2 000€ et 49 999€ par an, génère des revenus en moyenne 6 fois inférieurs à ceux des grandes exploitations. Cette situation économique fragile conduit certains exploitants à développer des activités complémentaires : 58% des chefs d'exploitation individuels sont propriétaires de leurs terres, permettant une diversification des sources de revenus.

Organisation du travail et statuts

Le statut d'entreprise individuelle prédomine dans 90% des cas pour les petites exploitations, contre seulement 39% pour les moyennes et 15% pour les grandes. Cette organisation simplifie la gestion administrative mais limite les possibilités de développement. Les autres formes juridiques (EARL, GAEC) progressent lentement, passant de 2,4% en 2010 à 4,5% en 2020.

"Ne pas avoir pu se verser de salaire depuis deux ou trois ans, et vivre grâce au salaire du conjoint employé en dehors de la ferme" témoigne un exploitant

Défis et perspectives d'avenir

Défis et perspectives d'avenir

Défis et perspectives d'avenir

Les petites exploitations agricoles françaises font face à de nombreux défis structurels qui menacent leur pérennité. L'analyse des données du recensement agricole 2020 révèle une situation préoccupante nécessitant des réponses adaptées en termes de politique agricole commune et de développement regionale.

Obstacles financiers et transmission

L'accès au financement constitue un frein majeur pour les petites structures. Les données montrent que 58% des chefs d'exploitation sont propriétaires de leurs terres, contrairement aux moyennes et grandes exploitations qui privilégient le fermage. La loi Sempastous-Safer de 2021 encadre désormais les cessions de parts sociales pour favoriser l'installation des jeunes agriculteurs, mais son application reste complexe.

Distribution inégale des aides

La répartition des subventions de la politique agricole commune désavantage les petites exploitations. Les méga-structures, qui représentent moins de 20% des exploitations, captent plus de 80% des aides. Cette concentration s'explique par un système basé sur la surface plutôt que sur l'emploi agricole.

Type d'exploitationPart des aides PAC reçues
Petites exploitations7%
Moyennes exploitations13%
Grandes exploitations80%

Enjeux territoriaux

Les petites structures gèrent 26% des surfaces fourragères en france, un rôle essentiel pour le maintien des paysages et de la biodiversité. Dans certaines régions, notamment en zone de montagne, elles constituent le dernier rempart contre la déprise agricole. Le développement de circuits courts et la diversification des activités apparaissent comme des leviers de consolidation.

Pistes d'évolution

Plusieurs mesures sont envisagées pour soutenir ces structures :

  • Réorientation des aides vers l'emploi plutôt que la surface
  • Renforcement des programmes de développement rural
  • Création de fonds régionaux dédiés à la transmission
  • Accompagnement vers la certification environnementale
"La survie des petites exploitations est indissociable d'une refonte profonde des mécanismes de soutien" Commission agriculture du Sénat, rapport 2024
L'essentiel sur l'évolution des petites exploitations agricoles

L'essentiel sur l'évolution des petites exploitations agricoles

L'avenir des petites exploitations agricoles dépendra des nouvelles orientations de la Politique Agricole Commune et des dispositifs de soutien mis en place. Les enjeux de transmission et de financement nécessitent des mesures adaptées pour assurer leur pérennité. La loi Sempastous-Safer marque une volonté de régulation foncière, mais le défi reste la consolidation économique de ces structures.